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Partir pour mieux revenir

Voilà déjà quelques mois que je voulais vous partager ma toute première expérience avec l’Ayahuasca, une plante sacrée modificatrice de conscience. Le plus difficile pour moi ici n’est pas de vous raconter l’expérience en elle même, mais de trouver les mots justes qui vous permettront de comprendre la profondeur et l’intensité de cette médecine. Mon premier voyage avec l’Ayahuasca fut spirituellement et émotionnellement, l’expérience la plus intense de ma vie.

 

Cet article va certainement entrainer des jugements hâtifs, car l’amalgame entre la médecine par les plantes et la drogue est vite fait. Mais le jugement ne viendra que des gens qui ne connaissent pas et ne comprennent pas le pouvoir de cette plante guérisseuse qui a radicalement changé ma vie en 2018.

 

Nous étions à ce moment là depuis 1 mois aux Philippines, dans la région de La Union, à San José, nous remontions vers le nord de l’île principale. Notre chemin à alors croisé la route d’une guérisseuse assez particulière, qui après une séance à l’image de sa particularité, m’a parlé de l’Ayahuasca. Je ne connaissais pas cette plante et surtout je ne savais pas où aller, ni à qui m’adresser pour trouver la route qui me mènerait vers elle. La seule indication que cette guérisseuse m’avait donnée est : « Tu ne trouves pas l’Ayahuasca, c’est l’Ayahuasca qui te trouve ». Nous avons donc continué notre voyage tout en y pensant régulièrement. Quelques semaines après, sur Facebook, une suggestion d’ami apparait sur mon fil d’actualité, un certain Alex… Vraisemblablement un chaman philippin, basé en plein centre du pays.

 

Ça y est, elle m’avait trouvée ! Et justement une cérémonie de 3 jours se préparait le weekend qui arrivait…

 

Avant de rentrer dans le vif du sujet, sachez avant tout que l’Ayahuasca est un travail de guérison qui prend la forme d’un nettoyage. C’est une plante sacrée qui nous permet de nous observer sous un nouvel angle. Elle donne des visions et des révélations. Elle nous donne une meilleur compréhension de nous même, car elle nous amène à comprendre nos blessures profondes et à les dépasser, à diminuer de nos vies l’emprise du mental, de l’ego et de la peur, pour laisser plus de place au coeur et donc vivre une vie plus consciente. La guérison passe par le déblocage des mécanismes mentaux qui nous empêchent d’atteindre notre plein potentiel et qui limitent notre capacité à aimer et à être heureux.

 

C'est toujours la nuit tombée que les cérémonies peuvent commencer. Le chaman nous invite à prendre place sur nos petits matelas. On commence par une méditation sur un fond sonore d'Ikaros, qui nous accompagnerons toute la nuit. On reçoit ensuite dans chaque narine du Rapé : une poudre fine, composée de tabac, de plantes, de cendres d’arbres et de graines, qui est soufflée dans les narines pour favoriser le nettoyage, l’ancrage et la connexion spirituelle. Puis une goutte de Sananga dans chaque oeil : une médecine ancienne qui améliore la vision nocturne, la perception visuelle et rehausse les couleurs. Elle détoxifie le corps et aide à restaurer son champ énergétique. Arrive finalement le moment du breuvage. Le chaman me présente une petite tasse remplie d’Ayahuasca, un liquide épais et âcre. Il me demande de poser une intention avant de la boire.

 

Voilà.. C’est parti…

 

Anxieuse comme jamais, je m’allonge sur mon matelas. Je me suis toujours sentie plus en sécurité par terre que debout. Il ne se passe rien pendant une bonne 20aine de minutes et puis doucement, les premiers effets arrivent par paliers.

 

Tout commence par le fameux serpent, symbole de la guérison et de la plante elle même, qui entame doucement sa montée sur moi, pour venir s’enrouler autour de mon cou. Les sensations sont tellement réelles, je le regarde droit dans les yeux, je l’entends, je le sens. Ça y est, la peur m’envahit de plein fouet. S’ouvre alors d’un coup le livre de ma vie, tous les chapitres y sont répertoriés. Les pages se tournent et ne s’arrêtent que sur les parties de ma vie qui nécessitent une guérison. Le livre est complet, du ma première respiration à ma naissance, jusqu’à ce jour là.

 

Je revis alors violemment toutes mes tristesses, mes craintes, mes peurs, mes traumas, mes douleurs. Je ressens de manière si vive, toutes ces émotions qui m’ont un jour traversées. Plus je lutte, plus la souffrance est forte. Plus je demande que ça s’arrête et plus je plonge dans le néant de mes douleurs et de mes peurs.

 

Chaque moment de ma vie qui a laissé son emprunte dans mon inconscient refait surface, je revis la scène avec exactitude, tout y est : l’environnement, les gens et les émotions ressenties. La plante m’oblige à chaque fois à tout subir à nouveau et à définitivement tout transcender.

 

J’étais épileptique étant plus jeune, la peur d’une crise était tout le temps avec moi, après 2 ans de traitement je ne faisais plus de crise mais de simples syncopes vagales, néanmoins, la peur de m’évanouir a toujours été là. Ce jour là, je me suis évanouie 100 fois. Quand je reprenais conscience et laissais la place à l'égo, je m’évanouissais à nouveau, et ce jusqu’au lâché prise absolu. 

 

Une fois toutes les pages tournées, je pensais avoir un peu de répit, mais non, ça ne fait que commencer, l’expérience s’intensifie. J’ai maintenant l’impression d’être dans une machine à laver, d’être secouée dans tous les sens, de ne plus pouvoir respirer, je me sens faiblir, je me sens vieillir, je me sens mourir. Oui, je meurs… J’ai peur de la mort et elle le sait… Ce jour là je suis morte de vieillesse, je suis morte noyée, immolée, étranglée et étouffée. Ce jour là, j’ai réellement cru que j’allais mourrir. Je ne vais pas vous dire que je n’ai plus peur de la mort, car le message derrière tout ça est beaucoup plus profond.

 

Je me souviens la première fois où j’ai eu un semblant de retour à la réalité. J’ai supplié le chaman de tout faire arrêter. Je me souviens de son regard apaisé et d’un simple hochement de tête en guise de : accroche toi, ça va aller.

 

Des épisodes plus doux sont ensuite arrivés. Un mélange d’élan de bonheur et d’amour à l’état pur, suivi de moment de tristesse intense. J’ai tellement pleuré cette nuit là… Et comme si revivre mes propres souffrances n’avaient pas été assez, les souffrances des autres m’ont également été infligées : mon frère, mon père, ma mère, mon compagnon, des amis proches, des connaissances, des inconnus. Tel un portail d’émotions, ils m’ont tous traversés avec leurs propres peines. 

 

Le retour à la réalité se fait ressentir de plus en plus fort. Le moment de la purge aussi. Connue sous le nom de La Purga, c’est le processus d’élimination par un acte physique des énergies, des émotions et des traumatismes. Dans mon cas, elle marque souvent la fin de l’expérience, le retour au calme, le moment de répit.

 

Je reviens de ce voyage aux petites heures du matin, traumatisée, j’en pleure toute la nuit, impossible le soir même de mettre des mots sur ce que j’ai vécu. C’était une vie de traumas dans un même trauma.

 

Lors d’un expérience Ayahuasca, il faut que tu saches que tout ce que tu tentes de cacher, la plante le sait ! Mais si tu décides de lui faire confiance, ton expérience sera bouleversante. Elle bouleversera ta capacité à aimer et à donner un VRAI SENS à ton existence. 

 

Je vous partage ici un récit détaillé mais encore tellement loin de tout ce qui s'est passé ! Certaines choses je les grade pour moi et d'autres sont simplement impossible à être racontées. Deux autres cérémonies ont suivi ce weekend là. Nous y sommes encore retourné 2 fois par la suite, mais la première fois restera pour le moment, l’expérience la plus salvatrice.

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